Manifestation de soutien aux grévistes de Swissmetal Boillat, 11 février 2006

Allocution de Jean-Claude Rennwald, vice-président de l’Union syndicale suisse (USS), conseiller national (PS/JU)

Chers collègues, chers amis,
Travailleuses et travailleurs de la Boillat,

Je vous apporte le salut très fraternel de l’Union syndicale suisse (USS) et de toutes ses fédérations. Car le combat que vous menez n’est pas seulement celui des salariés de La Boillat, il n’est pas seulement celui des métallos, il n’est pas seulement celui de cette région. Non, chers amis, cette lutte est celle des travailleuses et des travailleurs de tout le pays.

Dans mes activités syndicales, j’ai déjà négocié avec beaucoup de patrons. Mais jamais encore je n’avais eu à faire à des dirigeants d’entreprises qui se comportent comme ceux de Swissmetal, en particulier M. Hellweg. 

Jeudi soir, une lueur d’espoir est apparue, suite à la médiation proposée par le conseiller fédéral Joseph Deiss et acceptée par les deux parties. Mais alors, comment comprendre que, d’un côté, les dirigeants de Swissmetal acceptent cette offre de médiation, et que de l’autre, ils ne cessent de multiplier les provocations : licenciement du président de la commission des employés ; annonce de 120 licenciements ; menaces sur les travailleurs qui n’iraient pas travailler lundi à Dornach ; menace d’interdire l’accès de l’usine à 25 de vos collègues ; et enfin rachat de l’entreprise allemande Busch-Jaeger, qui pourrait être un redoutable concurrent pour l’usine de Reconvilier.

Ce n’est plus seulement de la provocation, c’est un véritable gâchis !

Dans ces conditions, il est légitime que les salariés de La Boillat poursuivent leur mouvement de grève. Evidemment, cette grève n’est pas un but en soi. Elle n’a qu’un seul objectif : trouver une solution sérieuse à ce conflit. Et quand je parle de solution sérieuse, je n’en vois que deux : ou bien le maintien de l’usine de Reconvilier dans le cadre de Swissmetal, ou bien la reprise de l’entreprise par d’autres investisseurs.

Car La Boillat n’est pas un canard boiteux. C’est un des joyaux industriels de l’Arc jurassien, dont dépendent plusieurs milliers d’emplois. Ce qui est en jeu ici, ce ne sont pas seulement les emplois de la Boillat, mais aussi l’image et la crédibilité de la place industrielle suisse. Et si les autorités ne contribuent pas à sauvegarder un outil de travail de cette qualité, à quoi sert-il de dépenser des dizaines de millions pour faire de la promotion économique hors de nos frontières ?

Dans d’autres circonstances, lorsque les grands centres sont touchés, le pouvoir fédéral s’agite plus rapidement. Le bruit provoqué par les avions qui survolent l’aéroport de Kloten a donné lieu à un débat urgent au Conseil national, alors que c’est en deux jours que les Chambres fédérales ont investi des milliards d’argent public pour tenter d’éviter la débâcle de Swissair. Avec le succès que l’on connaît !

Et bien, les régions de l’Arc jurassien veulent aussi qu’on les prenne en considération. Cette région veut vivre, cette région veut travailler, cette région veut développer son immense savoir-faire industriel. Elle en a la force et la volonté, à condition que son destin ne dépende pas du bon-vouloir de quelques saboteurs et autres boursicoteurs !

Je lance par conséquent un appel solennel au médiateur, M. Rolf Bloch, aux autorités fédérales et cantonales, aux milieux économiques, industriels, financiers, au mouvement syndical, afin que tout soit mis en œuvre pour trouver une issue positive à ce conflit. Il en va du maintien de la cohésion sociale, et même de la cohésion nationale.

Vive la lutte des travailleuses et de travailleurs de Swissmetal !

La Boillat vivra !