Tribune
L’avenir de l’AI nous concerne tous

Par Jean-Claude Rennwald, conseiller national (PS/JU), vice-président de l‘USS

Qu’est-ce qui est le plus important, l’élection d’un nouveau conseiller fédéral en la personne du radical neuchâtelois Didier Burkalter, l’immense manifestation anticrise organisée par le mouvement syndical à Berne ou le paquet de relance de l’économie adopté par le Parlement ? Il peut bien sûr y avoir plusieurs avis à ce propos, mais ce qui est certain, c’est que l’élection de Didier Burkalter ne changera pas d’un iota la situation des travailleuses et des travailleurs de notre pays. Parfait apparatchik du Parti radical et ancien collaborateur de la Société de développement de l’économie suisse, organisme « d’information » du grand patronat, Didier Burkalter appartient très clairement à la droite la plus orthodoxe.

Vous avez dit salaire minimum ?
Un succès du démocrate-chrétien fribourgeois Urs Schwaller aurait-il en revanche changé le cours des choses ? Ce n’est pas totalement exclu, même s’il ne faut pas entretenir trop d’illusions. Il n’en reste pas moins que lors des auditions organisées par les groupes parlementaires, Urs Schwaller s’est distingué de son concurrent neuchâtelois sur des points essentiels. Il s’est opposé à la construction de toute nouvelle centrale nucléaire en Suisse et, surtout, s’est déclaré favorable à l’introduction d’un salaire minimum de 3'500 francs par mois. A l’inverse, Didier Burkalter s’est catégoriquement opposé à cette idée, qui est l’une des revendications majeures du mouvement syndical. Pis encore, il n’a même pas utilisé la réponse classique de la droite, à savoir que cette question doit être réglée par les partenaires sociaux !

La peur du risque
Le duel Burkalter – Schwaller ne pouvait donc pas être ramené à l’expression « Bonnet blanc, blanc bonnet », puisque sur les questions sociales, économiques et énergétiques, il y avait la possibilité de créer plusieurs passerelles entre la gauche et le démocrate-chrétien fribourgeois. Mais la décision finale montre clairement que la droite musclée reste majoritaire dans ce pays, d’autant plus qu’elle a pu compter sur l’appui d’une minorité socialiste et écologiste, qui craignait pour l’avenir, à savoir l’éventuelle perte d’un siège socialiste lors de la succession de Moritz Leuenberger ou de Micheline Calmy-Rey. Et alors ! Cette frange rose-verte aurait-elle oublié que la prise de risque fait partie de l’action politique et syndicale ?

Nous continuerons !
A cette timidité, nous préférons à coup sûr l’engagement des dizaines de milliers de travailleuses et de travailleurs venus manifester voici à Berne pour dénoncer les licenciements collectifs, les attaques contre les assurances sociales (AVS, 2e pilier, assurance-chômage), le démantèlement des services publics et une politique fiscale au service des nantis. Cette mobilisation était d’autant plus importante qu’au moment où notre pays connaît la plus grave crise de son histoire (la Suisse marche vers les 250'000 chômeurs), la droite radicale et UDC – celle qui a élu Didier Burkalter – a raboté le 3e plan de relance économique du Conseil fédéral, en particulier les mesures destinées à créer des emplois pour les chômeurs dans les institutions à but non lucratif. La droite s’est aussi opposée à toute subvention supplémentaire pour réduire les primes des caisses-maladie, alors que celles-ci prendront l’ascenseur l’an prochain !

Autant dire que nous en avons ras-le-bol de cette politique assassine ! Nous ne voulons pas payer les pots cassés d’une crise dont l’UBS et les magnats de la finance sont les principaux responsables ! C’est pourquoi, même si le mouvement syndical et la gauche ont réussi une très belle manif à Berne, la mobilisation doit se poursuivre !