Tribune
L’avenir de l’AI nous concerne tous

Par Jean-Claude Rennwald, conseiller national (PS/JU), vice-président de l‘USS

250'000 personnes reçoivent aujourd’hui des prestations de l’assurance-invalidité (AI) à différents niveaux et chacun d’entre nous peut – malheureusement – être touché par une forme ou l’autre d’invalidité. Autant dire que la votation fédérale du 27 septembre prochain revêt une importance capitale, non seulement pour les handicapés et pour l’AI, mais aussi pour tous ceux qui vivent en Suisse ainsi que pour l’ensemble de la sécurité sociale, plus spécialement pour l’AVS.

13 milliards de dette
La dette de l’AI s’élève actuellement à 13 milliards de francs et, chaque jour, elle se creuse de 4 millions supplémentaires. Ce gouffre provient notamment du fait que depuis quatorze ans, il n’y a plus eu d’adaptation des cotisations des assurés et des entreprises. Cette dette phénoménale découle aussi de certaines évolutions au sein de la société : vieillissement de la population ; progrès de la médecine ; exigences plus élevées sur le marché du travail.

Les immigrés n’abusent pas
D’aucuns prétendent, notamment à l’UDC, seule grande force politique qui s’oppose au projet, que les difficultés de l’AI proviennent des abus commis par une partie des assurés, spécialement au sein de la population étrangère. Or, cette affirmation masque totalement la réalité. Car si la proportion d’invalide parmi les immigrés est spécialement élevée, cela provient principalement du fait que la majorité d’entre eux exercent des métiers à très hauts risques, comme dans la construction et le génie civil. Il ne faut en effet pas avoir accompli de longues études pour comprendre qu’un maçon ou un grutier ont beaucoup plus de risques d’avoir un accident de travail qu’un enseignant, une employée de commerce ou un pasteur.

Le prix d’un paquet de cigarettes
Pour résorber l’endettement de l’AI, le Conseil fédéral et la grande majorité du Parlement proposent le mécanisme suivant :

● Dès 2011, augmentation de la TVA limitée à sept ans : + 0,4 % (taux normal) ; + 0,2 % (taux spécial pour l’hôtellerie) ; + 0,1 % (biens de première nécessité, comme l’alimentation.

● Reprise des intérêts de la dette par la Confédération.

● Délestage de l’AVS par un fonds de compensation indépendant pour l’AI.

● Présentation, d’ici à 2010, d’une nouvelle révision de l’AI.

Le relèvement de la TVA procurerait à l’AI des recettes supplémentaires de 1,2 milliard par année pendant sept ans. Pour un ménage à revenu moyen, cela représenterait une dépense de 6,60 francs par mois, soit le prix d’un paquet de cigarettes. Ce qui n’empêche pas Gastrosuisse, l’organisation patronale de la restauration et de l’hôtellerie de combattre ce projet, sous prétexte que l’écart de traitement entre le poulet rôti consommé sur place et le poulet rôti à l’emporter allait se creuser. Or, pour un poulet de 20 francs, l’enjeu porte sur un montant de … 2 centimes !

Protéger l’AVS

Un non à cette augmentation de la TVA ne signifierait pas la fin du monde, mais il aurait tout de même des conséquences assez désastreuses :

● Le surendettement de l’AI continuerait à croître

● A moyen terme, la fortune de l’AVS – qui assume les liquidités de l’AI serait creusée.

● Les mesures de réintégration de la 5e révision de l’AVS seraient compromises.

● Les prestations de l’AI seraient réduites de manière considérable.

On l’avouera, personne n’a vraiment intérêt à ce qu’un tel scénario se réalise et le mouvement syndical encore moins, lui qui a toujours défendu l’idée d’un Etat social fort pour améliorer la situation des travailleuses et des travailleurs.