actutxt.jpg (3616 octets)
ligne.gif (1583 octets)

Ce que Jean-Claude Rennwald a vraiment dit avant l’élection de Doris Leuthard au Conseil fédéral. Intervention complète de Jean-Claude Rennwald le 14 juin 2006 devant l’Assemblée fédérale

Je tiens tout d'abord à souligner que je m'exprime ici à titre personnel, et même très personnel. Et s'il est vrai qu'il est parfois tabou qu'un membre d'un grand groupe s'exprime à titre personnel dans ces circonstances, je considère qu'il convient parfois de briser la loi du silence - pour ne pas dire de l'omerta.
Voici une semaine, j'étais là, à cette tribune, avec une délégation de syndicalistes algériens et avec quelques collègues. Des syndicalistes, des vrais, qui sont indépendants du régime et qui se battent très durement, chaque jour, contre la répression menée par le régime de Bouteflika. Evidemment, avec ces collègues algériens, nous avons discuté des heures et des heures sur le système économique et social suisse, et bien sûr sur notre système politique. Et je dois vous dire que ce qui les a le plus étonnés, dans nos explications, c'est au moment où nous leur avons expliqué que l'élection d'aujourd'hui était jouée d'avance ou quasi jouée d'avance. Venant, eux, d'un régime militaire dictatorial, ils ne pouvaient pas comprendre cela. (Brouhaha) Et nous leur avons longuement expliqué le pourquoi de la chose, que les pays ont des coutumes et des traditions politiques différentes.
Et si je rappelle cela, c'est que je respecte ces traditions et ces coutumes et que je ne conteste pas, du moins ce matin, le fait que le siège vacant revienne au PDC. On peut tout de même se demander si le fait de ne pas contester le siège du PDC nous autorise à pratiquer ce que j'appelle le non-débat, la non-discussion. Et il est vrai que ces derniers temps il n'y a pas eu beaucoup de discussions!
J'aimerais dire en toute sincérité - et parce qu'on sait que je suis quelqu'un de transparent - que trois éléments me rendent difficile le fait de porter le nom de Madame Leuthard sur mon bulletin.
Le premier, Madame, c'est qu'on vous a présentée comme une grande star de la politique. Je ne conteste ni votre formation ni votre expérience, mais je dois aussi vous dire qu'au sein de la Commission de l'économie et des redevances, où nous siégeons tous deux, j'ai côtoyé de plus grandes stars de la démocratie-chrétienne, en particulier le regretté Jean-Philippe Maitre, Eugen David et Lucrezia Meier-Schatz, tous gens avec lesquels nous pouvions de temps à autre parvenir à un compromis.
Je dois vous dire aussi, Madame, et c'est le deuxième élément, que ces derniers mois et ces dernières semaines, j'ai été étonné - pour ne pas dire stupéfait - par votre manque de courage. Parce que ces derniers mois et ces dernières semaines, surtout lorsqu'il y a eu des votes importants ou cruciaux qui pouvaient mettre en danger votre élection, pour l'essentiel ou bien vous vous êtes abstenue, ou bien vous avez quitté la salle. Je dois vous dire que j'attends quand même un peu plus de force de conviction de la part d'une femme d'Etat, quel que soit son parti politique!
C'est vrai aussi qu'il n'y a pas eu beaucoup de débat, y compris dans les médias. On sait presque tout sur vous, sur votre cuisine, sur vos habits et surtout sur vos 40 paires de souliers. Il y a même un de vos collègues qui a dit: "C'est normal, en Suisse, tout le monde a 40 paires de souliers!" Eh bien, moi, je dis à ce collègue qu'un de ces jours, il peut m'accompagner à Reconvilier, à Swissmetal Boillat, et demander aux travailleurs de cette usine s'ils ont les moyens de se payer 40 paires de souliers!
C'est vrai également que les papiers analytiques ont été assez pauvres dans la presse. Il y en a eu tout de même quelques bons, en particulier voici dix jours dans la "NZZ am Sonntag". Et qu'est-ce que cette analyse a montré? Elle a d'abord montré que, sur tous les grands sujets financiers, économiques et fiscaux, vous étiez alignée, ou quasiment alignée sur les positions du grand patronat. Elle a ensuite montré que vous êtes opposée à l'adhésion de la Suisse à l'Union européenne, ce qui va de pair avec la remarque précédente, vu que le grand patronat est opposé à cette adhésion. Elle a enfin montré que vous étiez ouverte, mais de façon limitée, sur les thèmes sociaux.
Un point que j'aimerais mettre en évidence mais qui me fait mal, c'est que, en tant que présidente d'un parti chrétien, vous vous êtes agenouillée devant l'UDC pour mettre sur pied avec elle une loi sur l'asile et une loi sur les étrangers iniques qui confinent à la xénophobie et au racisme d'Etat. Je tiens à souligner ici qu'il y a des sages chez vous, à Genève et dans le Jura, qui se battent avec nous contre ces deux lois.
Dernière remarque, lors de votre audition par le groupe socialiste, l'un de mes collègues vous a demandé: "Que pensez-vous d'un sujet qui sera abordé demain matin, à savoir l'abaissement de l'âge de protection inscrit dans la loi sur le travail pour les jeunes et les apprentis?" Et en résumé, vous avez répondu: "Ce sujet n'est pas important."
Alors malgré tout ce que j'ai dit jusqu'ici, je suis prêt à revoir ma position et à inscrire votre nom sur mon bulletin si, dans les minutes qui viennent, vous faites une déclaration devant la représentation nationale selon laquelle vous convaincrez la majorité de votre groupe de combattre l'abaissement de l'âge de protection des jeunes travailleurs, et, comme cela, vous serez très bien vue par la jeunesse de ce pays

Jean-Claude Rennwald

ligne.gif (1583 octets)
Jean-Claude Rennwald - conseiller national
Rue de la Quère 17 - CH - 2830 Courrendlin (JU)
Privé : Tél. + Fax. / ++41 (0) 32 435 50 30
Professionnel : Tél./ ++41 (0) 31 350 23 62 - Fax / ++41 (0) 31 350 22 22
E-mail : rennwald@bluewin.ch - Internet : http://www.rennwald.ch
home_dessin_mc.gif (24457 octets) Npowered_simple.gif (1406 octets)