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Article paru dans Le Quotidien jurassien du 21 février 2005

Tribune
Attaques contre les 35 heures et les conventions collectives : vers un « autogoal européen » ?

Par Jean-Claude Rennwald, conseiller national (PS/JU)

En Suisse comme dans l’ensemble de l’Europe, le mouvement syndical est depuis de longue date favorable à l’ouverture des frontières et à la construction européenne. Mais cette position de principe n’a jamais transformé les syndicalistes en « eurobéats », En d’autres termes, si le mouvement syndical soutient l’intégration européenne, il veut aussi que celle-ci soit synonyme de prospérité économique et de développement des conquêtes sociales chèrement acquises grâce à des décennies de luttes syndicales et politiques, lesquelles ont permis la mise en place d’un modèle social européen incarné par l’Etat providence.

Euroscepticisme malsain

Aujourd’hui, il faut malheureusement constater qu’en France comme en Suisse – et on pourrait trouver d’autres exemples dans toute l’Europe – une bonne partie de la droite et du patronat ne comprend plus ce message. Plus grave encore, elle remet en question, de manière brutale, des acquis que les salariés considèrent comme essentiels, attitude qui a pour effet de déclencher un « euroscepticisme » malsain.

France : gaffe gouvernementale

En France tout d’abord, le soi-disant assouplissement des 35 heures, qui n’est en réalité qu’un retour déguisé à la semaine de travail de 40 heures, a entraîné une énorme mobilisation sociale et syndicale, puisque quelque 500'000 travailleurs et travailleuses sont descendus dans la rue. La majorité d’entre eux s’étaient déplacés pour défendre une innovation sociale d’envergure, synonyme de créations d’emplois (300'000 à 400'000 selon les estimations) et d’un mode de vie permettant de mieux concilier travail, famille, formation et loisirs.

A cette occasion, on a aussi vu de nombreux manifestants brandir des banderoles et des pancartes hostiles au projet de Constitution européenne. « La Constitution s’invite à la manif », ont d’ailleurs souligné de nombreux journaux français. Certes, une partie de la gauche et des syndicats français avait déjà pris position auparavant contre le traité constitutionnel européen. Il n’en reste pas moins qu’un phénomène plus profond a joué, à savoir que dans la tête de nombreux salariés, c’est le même gouvernement qui a organisé la mise à sac des 35 heures et qui défendra le projet de Constitution européenne. A quelques mois d’un référendum qui s’annonce décisif pour la France et encore davantage pour l’Europe, Jacques Chirac et Jean-Pierre Raffarin ont ainsi commis une gaffe aussi stupide qu’inutile. 

Suisse : provocation patronale

A quelques mois de deux votations fédérales capitales – Schengen/Dublin le 5 juin, l’extension de la libre circulation des personnes aux nouveaux pays membres de l’Union le 25 septembre – pour les relations entre la Suisse et l’Union européenne, il faut souhaiter que le patronat suisse ne commettra pas la même erreur. Mais il faut en premier lieu espérer que Werner Messmer, président de la Société suisse des entrepreneurs (SSE), revienne sur ses déclarations provocantes (et étonnantes dans la mesure où ce radical thurgovien a joué le jeu des mesures d’accompagnement au Parlement) dans la perspective du renouvellement de la convention collective du secteur principal de la construction. Car ce n’est pas en s’attaquant aux salaires minimaux et aux salaires réels ou en prônant une déréglementation complète de la durée du travail que M. Messmer rassurera les travailleurs des chantiers quant à la volonté des entrepreneurs de combattre le dumping social !

Lutte contre le dumping : le Jura à la traîne

Il faut souhaiter aussi – pour ne pas dire exiger ! - que le gouvernement et le patronat jurassiens manifesteront bientôt une attitude plus positive s’agissant de la mise en place de la commission tripartite cantonale chargée d’observer le marché du travail et de proposer des mesures pour combattre le dumping social et salarial. Sur la base d’une analyse comparative réalisée par le syndicat UNIA, il apparaît que dans ce domaine, le Jura est le moins actif de tous les cantons romands. Pour un canton qui s’autoproclame « solidaire, progressiste, ouvert à l’Europe et au monde », c’est tout de même un comble…

Au-delà de ces cas particuliers – mais emblématiques - le patronat et la droite doivent comprendre qu’on ne peut pas promettre la prospérité économique et sociale dans le cadre d’objectifs constitutionnels ou programmatiques et se comporter de manière exactement inverse sur le terrain. Si ce petit jeu devait se poursuivre, il pourrait malheureusement y avoir beaucoup de perdants.

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Jean-Claude Rennwald - conseiller national
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