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Quel regard portez-vous sur le monde du travail
aujourd'hui ?
C'est un monde de plus en plus éclaté, caractérisé
par un développement des formes de travail
atypique. Par ailleurs, la crainte de perdre son
emploi lors d'une restructuration est très
présente.
Qu'entendez-vous par travail
"atypique" ?
Il s'agit par exemple du travail de nuit, du
travail temporaire, du travail sur appel et
d'autres formes de flexibilité. Je pense que le
stress des salariés augmente et qu'à certains
égards, une bonne partie des travailleuses et des
travailleurs sont plus mal dans leur peau qu'il y
a dix ou vingt ans.
Ces formes de travail offrent également des
avantages.
Pourquoi les combattez-vous ?
Aucun avantage ne peut compenser les
effets dévastateurs du travail sur appel ou du
travail de nuit,
notamment sur la santé, la vie de famille et la
vie sociale des personnes concernées.
Tornos et von Roll sont en difficulté.
Qu'avez-vous fait ?
Par diverses interventions, j'ai dénoncé
l'attitude contradictoire de la Confédération.
Lorsque les grands centres sont frappés comme dans
le cas de Swissair, la Confédération intervient,
mais lorsque les entreprises touchées se trouvent
dans une région périphérique, elle se contente de
regarder.
Mais les enjeux n'étaient pas les mêmes...
Si justement, car les licenciements massifs chez
Tornos ont, proportionnellement, plus d'incidences
négatives pour Moutier et pour le Jura que
l'affaire Swissair n'en a pour la région de
Zurich.
Quelles sont les aspirations actuelles des
salariés ?
Ils aspirent à avoir un travail et à gagner
correctement leur vie. Ils doivent bien constater
que dans certaines branches, les salaires sont
scandaleusement bas pendant que quelques
privilégiés s'octroient des parachutes dorés.
Pourriez-vous être plus précis ?
En Suisse, la moitié des femmes gagnent moins de
3'300 francs net par mois, et la moitié des hommes
moins de 5'000 francs.
La réduction du temps de travail est à la peine;
êtes-vous toujours pour la semaine de 36 heures ?
C'est un mouvement continu sur le long terme. Les
gens sont toujours plus intéressés par des formes
de réduction du temps de travail qui offrent
davantage de possibilités en matière de loisirs,
de formation et qui ont plus d'effets sur
l'emploi. Je pense par exemple à la semaine de 4
jours.
... et en matière de retraite ?
Le SIB a conquis la retraite à 60 ans dans le
bâtiment. Dans l'horlogerie, les salariés peuvent
prendre leur retraite une année avant l'âge
ordinaire de l'AVS. C'est sur cette question que
les efforts de la gauche vont se concentrer ces
prochaines années.
Cela signifie concrètement...
Il faut développer l'idée d'une retraite complète
possible après 40 ans de cotisations. C'est une
revendication de plus en plus populaire dans le
monde du travail, d'autant plus qu'un ouvrier semi-qualifié ou non qualifié vit, en moyenne,
près de 5 années de moins qu'une personne qui
exerce une profession libérale.
Que diriez-vous à un salarié qui hésite à adhérer
à un syndicat ?
Sans les syndicats, beaucoup de conquêtes sociales
n'existeraient pas. Dans l'industrie des machines
et dans l'horlogerie, on travaille 40 heures par
semaine, alors que la durée maximale légale est de
45 heures. Les conventions collectives de travail
négociées par les syndicats accordent cinq à six
semaines de vacances, alors que la loi n'en
prévoit que quatre. De manière plus générale, le
syndicat est le contrepoids indispensable à
l'action du patronat.
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