Jean-Claude Rennwald

Elections fédérales 2003

     
 

Economie

  C o m m e n t   v a   l e   m o n d e   d u   t r a v a i l  ?  
Economie  


Quel regard portez-vous sur le monde du travail aujourd'hui ?
C'est un monde de plus en plus éclaté, caractérisé par un développement des formes de travail atypique. Par ailleurs, la crainte de perdre son emploi lors d'une restructuration est très présente.

Qu'entendez-vous par travail "atypique" ?
Il s'agit par exemple du travail de nuit, du travail temporaire, du travail sur appel et d'autres formes de flexibilité. Je pense que le stress des salariés augmente et qu'à certains égards, une bonne partie des travailleuses et des travailleurs sont plus mal dans leur peau qu'il y a dix ou vingt ans.

Ces formes de travail offrent également des avantages.
Pourquoi les combattez-vous ?

Aucun avantage ne peut compenser les effets dévastateurs du travail sur appel ou du travail de nuit, notamment sur la santé, la vie de famille et la vie sociale des personnes concernées.

Tornos et von Roll sont en difficulté. Qu'avez-vous fait ?
Par diverses interventions, j'ai dénoncé l'attitude contradictoire de la Confédération. Lorsque les grands centres sont frappés comme dans le cas de Swissair, la Confédération intervient, mais lorsque les entreprises touchées se trouvent dans une région périphérique, elle se contente de regarder.

Mais les enjeux n'étaient pas les mêmes...
Si justement, car les licenciements massifs chez Tornos ont, proportionnellement, plus d'incidences négatives pour Moutier et pour le Jura que l'affaire Swissair n'en a pour la région de Zurich.

Quelles sont les aspirations actuelles des salariés ?
Ils aspirent à avoir un travail et à gagner correctement leur vie. Ils doivent bien constater que dans certaines branches, les salaires sont scandaleusement bas pendant que quelques privilégiés s'octroient des parachutes dorés.

Pourriez-vous être plus précis ?
En Suisse, la moitié des femmes gagnent moins de 3'300 francs net par mois, et la moitié des hommes moins de 5'000 francs.

La réduction du temps de travail est à la peine; êtes-vous toujours pour la semaine de 36 heures ?
C'est un mouvement continu sur le long terme. Les gens sont toujours plus intéressés par des formes de réduction du temps de travail qui offrent davantage de possibilités en matière de loisirs, de formation et qui ont plus d'effets sur l'emploi. Je pense par exemple à la semaine de 4 jours.

... et en matière de retraite ?
Le SIB a conquis la retraite à 60 ans dans le bâtiment. Dans l'horlogerie, les salariés peuvent prendre leur retraite une année avant l'âge ordinaire de l'AVS. C'est sur cette question que les efforts de la gauche vont se concentrer ces prochaines années.

Cela signifie concrètement...
Il faut développer l'idée d'une retraite complète possible après 40 ans de cotisations. C'est une revendication de plus en plus populaire dans le monde du travail, d'autant plus qu'un ouvrier semi-qualifié ou non qualifié vit, en moyenne, près de 5 années de moins qu'une personne qui exerce une profession libérale.

Que diriez-vous à un salarié qui hésite à adhérer à un syndicat ?
Sans les syndicats, beaucoup de conquêtes sociales n'existeraient pas. Dans l'industrie des machines et dans l'horlogerie, on travaille 40 heures par semaine, alors que la durée maximale légale est de 45 heures. Les conventions collectives de travail négociées par les syndicats accordent cinq à six semaines de vacances, alors que la loi n'en prévoit que quatre. De manière plus générale, le syndicat est le contrepoids indispensable à l'action du patronat.